insupportable

spring summer fall winter

Jeudi 10 mai 2007 à 20:20

La petite fille s'installa au bureau à sa taille pour dessiner. Sur sa petite chaise verte, assortie à sa petite robe bleue. Une fleur dans se cheveux, elle dessina sa maison puis une fleur, une seule, en bas de la page. Puis un soleil avec des lunettes de soleil, pour pas avoir mal aux yeux. Naïve, toujours. Tout d'un coup elle vascilla puis s'écroula. Un prince accouru, descendant d'un nuage, vint pour la sauver, l'embrassa sur la joue, et la réveilla.
La pièce de théâtre improvisée pour Nouvel an s'acheva là, bêtement, comme un conte de fée écourté. Les parents applaudissent. Et les enfants rougissent.
Puis, trois ans plus tard, la même scène se reproduit. Elle s'assied à une table de permanence. Elle brouillonne un commentaire sur une feuille déchirée. Elle éternue, penche, s'écrase gracieusement. Il arrive à la rescousse sur-le-champ, comme avertit à l'avance de l'accident, il l'embrasse cette fois-ci là où il peut, ses cheveux cachent ses joues alors ce sera sur sa bouche. Elle se réveille lentement, regarde autour d'elle, ne sait plus trop, se souvient ensuite. Elle l'avait déjà vu quelque part, bien sur, un rêve peut-être. Non la réalité. Comme s'ils ne s'étaient jamais quittés.

Il était quatorze heures quatorze.

Titre : Gloria Jones - Tainted love

Pensé par insupportable

Mardi 8 mai 2007 à 20:49

Elle se tait. Et elle le tue de son silence. Le silence est meurtrier et se compare à une lame finement et fraichement aiguisée, un pistolet qui dégaine, un fusil de chasse déglingué. Mais elle n'a rien à dire et préfère le calme aux paroles incensées. Il tait les promesses et tue les détours. Il se heurte à sa bouche maintenant fermée. Il ne tente pas de la lui ouvrir non plus. Il cherche un moyen détourné pour  lui faire regretter l'absence de mots. Alors il parle, il parle, il raconte sa vie et son histoire, il étale son existence, il l'enrobe de mensonges et d'horreurs superficielles. Elle se tord de douleur, ne pouvant plus sortir le moindre mot. Elle ne peut plus retourner en arrière, elle est tétue, elle n'en sort pas une, elle se réfugie dans le mutisme, elle se tait. De toute façon il l'a dégoute. Il la viole verbalement, elle ne peut plus se défendre. Il doute, elle essaie de bouger, de faire du bruit en se grattant en se bouchant les oreilles en passant l'aspirateur en courant dans la salle en claquant les dents en frappant dans ses mains et en lui arrachant les cheveux. Il tient bon, il ne la ferme pas et il débite les phrases poignantes et désarmantes. La situation a changé, il la maîtrise et elle subit. Le sens s'enfuit, il ne la touche pas, elle ne l'ouvre pas, il ne la referme pas. Elle le tate et elle le sent. Il la laisse faire mais parle tout le temps. Et le temps s'écoule, d'ailleurs, fidèle à son poste et seul spectateur de la scène, comme une pièce de théâtre qui ne serait suivie que par les metteur en scène. Epilogue de la vie, fin de leur histoire, début du mépris. Et il se tait, elle pleure, ils s'embrassent et font l'amour une dernière fois. Elle lui avait toujours tout dit, lui n'en avait jamais rien fait. Alors pour se quitter il a décidé de la prendre à revers, de la frapper de ses mots et de provoquer, inattendus, ses maux.

Titre : Kaolin - Je reviens

Pensé par insupportable

Lundi 7 mai 2007 à 20:52

Les schtroumpfs en bonbon sont faits avec de la Gélatine de beuffe, marque déposée. C'est bon, c'est beau, c'est beuffe. Et la fanfare, c'est sacré.



Titre : Eurythmics - Sweet dreams

Pensé par insupportable

Dimanche 6 mai 2007 à 14:44

Il tourne toujours le dos.

Elle aime se mettre du vernis rouge partout, sur les ongles beaucoup et ça débodre sur ses doigts. Elle n'arrive pas à tenir sa cuillère le matin quand elle mange son yaourt nature avec du sucre alors elle la lave et puis la refait tomber. Souvent elle va boire un peu d'eau dans la cuisine avant de s'endormir et elle a envie de faire pipi vers une heure du matin alors elle se rendort et puis se réveille à nouveau une heure plus tard ; cette fois-ci elle y va ; ça lui vient de sa mère cette manie. Elle compte le nombre de jours avant de se laver les cheveux et pèse le pour et le contre ; si demain elle va à la piscine il ne faut pas qu'elle les lave ce soir parce qu'elle devra les relaver demain et si elle ne se les lave pas ce soir ils seront sales pour la fête du lendemain soir mais elle se les ait déjà lavés hier alors elle se les lavera demain si elle a le temps mais ils ne seront pas secs à temps il faudra qu'elle sorte le sèche cheveux et peut-être qu'elle essaiera une nouvelle coiffure, ou alors elle les attachera mais ils seront gras. Elle aime se dire que si on se trompe de touche pour écrire non on peut écrire bob, le b se trouve à côté du n alors on pourrait échanger se serait drôle, tout ca parce qu'elle commence à pouvoir écrire tout en regardant le cerisier dehors qui est bousculé par le vent, et en écoutant je-ne-sais-quoi faire un couinement qu'elle ne comprend pas. Et puis surtout elle aime se faire des films ; et si machin m'aimait en secret alors il n'oserait pas me le dire mais si il m'aimait vraiment j'aurais peur de lui faire de la peine parce que je ne l'aime pas ; et si je me retrouvais en face de lui alors que je sais que je lui plais je fais quoi je souris, mais si j'ai un truc coincé dans les dents ça ne va pas alors je ne montrerai pas mes dents mais ce sera peut-être moche ; et lui je l'ai déjà vu quelque part si ça se trouve quand on sera vieux on se mariera et on aura des enfants mais ça ne marchera pas longtemps parce que je n'aimerai pas me promener avec lui alors je divocerai et j'obtiendrai la garde des enfants je me marierai avec un acteur et je serai jalousée par toutes les filles de la Terre. En fait, elle aime surtout rêver, aux choses les plus impossibles, parce que.

Titre : Comme d'habitude - Claude François

Pensé par insupportable

Mardi 1er mai 2007 à 14:49

Tomber. Amoureux.

Tomber du haut d'un pont. S'écraser en bas de l'échelle. S'effondrer dans la boue. Trébucher sur un trottoir. Glisser sur une peau de banane. Se fracasser sur une piste de ski. S'empaler dans un poteau et se casser la gueule dans l'escalier.
Et à côté de ça se sentir amoureux, léger, protégé, emballé, virevoltant, accompagné, envahi, plaisant, beau, étincelant, pétillant, joyeux et se sentir partir.

Tomber amoureux, un oxymore provoquant. Comme si l'on était voué à se faire mal en sentant son coeur battre plus fort. On se demandera alors si c'est en tombant fort que l'histoire d'A. dure. Ouais mais tomber, c'est se faire mal. Tomber fort, c'est se faire très mal. Donc il faudra forcément souffrir. Vision peu attirante de l'amour. Quoique les masochistes y feront leur affaire. Mais franchement, pourquoi se faire mal avec un sentiment si subjectif, qui peut être détruit par une phrase réaliste, une photo comprométante ou un baiser volé.
Et puis le coup de foudre. Rien que le nom fait peur. Comme si tu avais envie de mourir bêtement d'amour.

Tomber amoureux après un coup de foudre. Ou te jeter sous un train après avoir croqué la capsule de cyanure qui se trouve dans ta dernière molaire en bas à droite.

Titre : Grease - You're the one that I want

Pensé par insupportable

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