Elle se tait. Et elle le tue de son silence. Le silence est meurtrier et se compare à une lame finement et fraichement aiguisée, un pistolet qui dégaine, un fusil de chasse déglingué. Mais elle n'a rien à dire et préfère le calme aux paroles incensées. Il tait les promesses et tue les détours. Il se heurte à sa bouche maintenant fermée. Il ne tente pas de la lui ouvrir non plus. Il cherche un moyen détourné pour lui faire regretter l'absence de mots. Alors il parle, il parle, il raconte sa vie et son histoire, il étale son existence, il l'enrobe de mensonges et d'horreurs superficielles. Elle se tord de douleur, ne pouvant plus sortir le moindre mot. Elle ne peut plus retourner en arrière, elle est tétue, elle n'en sort pas une, elle se réfugie dans le mutisme, elle se tait. De toute façon il l'a dégoute. Il la viole verbalement, elle ne peut plus se défendre. Il doute, elle essaie de bouger, de faire du bruit en se grattant en se bouchant les oreilles en passant l'aspirateur en courant dans la salle en claquant les dents en frappant dans ses mains et en lui arrachant les cheveux. Il tient bon, il ne la ferme pas et il débite les phrases poignantes et désarmantes. La situation a changé, il la maîtrise et elle subit. Le sens s'enfuit, il ne la touche pas, elle ne l'ouvre pas, il ne la referme pas. Elle le tate et elle le sent. Il la laisse faire mais parle tout le temps. Et le temps s'écoule, d'ailleurs, fidèle à son poste et seul spectateur de la scène, comme une pièce de théâtre qui ne serait suivie que par les metteur en scène. Epilogue de la vie, fin de leur histoire, début du mépris. Et il se tait, elle pleure, ils s'embrassent et font l'amour une dernière fois. Elle lui avait toujours tout dit, lui n'en avait jamais rien fait. Alors pour se quitter il a décidé de la prendre à revers, de la frapper de ses mots et de provoquer, inattendus, ses maux.
Titre : Kaolin - Je reviens
je le trouve tres joli. Wow.