insupportable

spring summer fall winter

Lundi 9 avril 2007 à 10:51

- L'admirateur secret - Chapitre sixième -


J'enroule et déroule la même mèche de cheveux autour de mon doigt bagué depuis un moment déjà. Il est tout le temps en retard. Alors je jette encore un coup d'oeil comme d'habitude sans rien espérer et je m'assieds sur le banc le plus proche. Et là c'est comme quand tu as entré un DVD dans le lecteur : la liste des choses qui se trouvent dans mon cerveau s'affiche. Je choisis Lui. Tous les souvenirs se présentent dans ma tête comme les chapitres d'un livre récapitulés dans la table des matières. J'ouvre à la première page, là où le préambule commence. Les petits rendez-vous en face de la 301. Je regarde à nouveau la liste des chapitres et j'ouvre la page où le premier commence. Je revois notre premier rendez-vous. J'avais dit deux heures près de la fnac histoire qu'on ne passe pas trois mille ans à se décider.
Il est arrivé deux minutes en retard. Est-ce qu'il se fout de moi ? Est-ce qu'il va venir quand même ? Je me suis trompée d'heure ?

On s'est posés sur le banc où je suis là. Notre banc. Et puis on s'est raconté les petits détails qui font tout. Le J'osais pas aller te voir en vrai. Le T'es tellement belle, de loin ça se voyait pas tant. Le Quand je te croisais je me disais qu'il fallait que je te le dise, mais je ne savais plus ce qu'il fallait avouer. Le Je sais que t'es timide, mais je le suis aussi, alors on s'arrangera bien pour trouver des trucs à se dire. Le Tu pensais quoi avant de venir ? Le Cette nuit j'ai rêvé de toi. Et puis avant de partir le Je peux avoir ton numéro ? J'ai bien aimé celui-là, de rendez-vous. Il était inspiré. Alors j'ai laissé poser les questions.
Je tourne les pages et je tombe sur des petits caractères. Ca, c'est pour les jours où on s'est disputés. Comme un mercredi de février. Il était arrivé très en avance. Et pour une fois je l'étais pas, je m'étais dit qu'il arriverait pas avant moi. Il m'a regardée avec plein de déception dans les yeux. C'est ça, le pire. Alors je sais plus. J'ai pas mal pleuré. On s'est dit tout ce qu'on déteste chez l'autre et on s'est crié dessus. J'ai plus les détails.

Je l'avais pas entendu venir. Ses mains chaudes cachent ma vu : C'est qui ? Pourquoi tu pleures ? Je savais que ce serait lui. Dans ma vie. Pour la vie. Lui, oui. Lui


Pour toi, Sofia, parce que tu aimes quand je parle d'amour.



Titre : Carla Bruni - Quelqu'un qui m'a dit

Pensé par insupportable

Mercredi 4 avril 2007 à 13:20

Raconte-moi un mouton.
Dessine moi tes rêves.














Tu peux jouer avec les mots, les faire les danser, s'entrelacer et te tromper d'orthographe. Ecrire que tu aimes la boîte de gâteaux affichée à mi-chemin pour les beaux yeux de ton oreiller. Tu peux tout dire si t'es nerveux-amoureux-audacieux-peureux-malheureux-ténébreux-heureux. Mais qui ne sent rien n'écrit rien. Jongle avec les lettres entre tes mains douces et décris le printemps qui vient et les feuilles qui s'éveillent et les amoureux qui se pavanent et les fontaines qui s'exhibent et les chiens qui pissent sur le coin du trottoir piétiné par ta maîtresse de cm2 ce matin à neuf heures zéro huit. Rassemble les messages codés de la mystérieuse jeune fille. Apprend-lui à t'aimer et corrige ses fautes de la troisième personne. Domine-la de très haut jusqu'à la Tour Eiffel et emmène-la à Montmartre de nuit. Fais reculer les secondes et amuse-la jusqu'au bout de l'été. Qu'elle rigole. Ignore-la et détruis-la. Joue avec les phrases comme tu tortures son coeur d'artichaud et séduis-la comme si. Finis pas tes phrases, fais-la douter. Complimente mais pas trop. Aime à la folie et dis le contraire. Abuse de son amour et reviens à la charge. Embrasse-la furtivement du coin des lèvres et pars sans te retourner. Ecris-lui des poèmes dignes d'un enfant. Joue du a et du e. Du m et du j. Oublie-en la moitié et fais-la espérer. Retourne-toi. 

Titre : Adrienne Pauly - J'veux un mec

Pensé par insupportable

Lundi 2 avril 2007 à 17:55

-Les perles, de ma naissance à ma laïfe de lycéenne-

1995 :
Papa, est-ce que c'est aujourd'hui demain ? moi
Moi, à cinq ans, j'arrête le biberon. (j'ai continué, à vrai dire) moi
Et ben moi quand je serai grande j'aurai des gros seins et j'oserai m'acheter un rouleau à tarte grand. moi
La terre, c'est comme un bateau, mais c'est pas sur la mer, c'est dans l'espace. mon frère
Ioga (mon chien) c'est un être, mais pas humain, seulement un être. mon frère
Le whisky ça colle à la bouche parce qu'il y a du scotch dedans. mon frère

1996 :
-Ca, c'est une singlette. C'est quand on ne garde qu'une seule carte dans une couleur, t'as compris ? mon père
- Oui, c'est comme Leslie, c'est une singlette. mon frère

2005/2006 :
Cédric, tu as intérêt à te réveiller avant que tu  ne t'endormes. un prof' d'allemand
T'es une poète en herbe ... Ou en gazon. moi
- Ca se corse là ! prof' de latin
- Nan, ça se Sardaigne.
moi

2006/2007 :
J'suis à fond dans mon cerveau ! moi
Bah oui j'veux bien y aller seule, mais avec quelqu'un d'autre quand même ! moi
Bambi, c'est comme un bébé cheval : quatre pattes, brun avec des oreilles. mon père
Qui mange un oeuf mange un boeuf. ma mère
T'es toute maigre alors si tu te mets à côté et que tu tires la langue on dirait une fermeture éclair. Félicien
Si ya encore quelqu'un qui veut se moucher, il viendra se moucher avec moi à la fin de l'heure, j'adore ça ! stagiaire de maths
-J'aime les gens bons. Marion
-Les jambons ? moi
Non je ne lève pas la main, je me gratte l'écharpe. Zoé
**Il faut faire de son miel tout ce que l'on sent sur le texte.
Soyez des alpinistes de la dissertation !
-On dit pas "putain", on dit "maman travaille".
-Mais c'est dégueulasse !
-Mais non, je parlais pas de ta maman, je disais les mamans en général.
Je me jette, tu te jettes, ton petit stylo. Le premier de nous deux qui l'aura dans le nez ...
Par l'effet de la liquidité du "l", la vision est paradisiaque.
Parole d'Emile n'est pas parole débile !
Je fais de l'humour noir ... (mon prof' de français est noir)
Je suis prof de lettres et prof de l'être.
CELB : Compagnie des Escargots du Lycée Bartholdi
Causette = Bubulle (en plein contrôle, il écrit ça au tableau)
- Ca s'écrit comment ?
- Comme ça s'écrit ! ** M.Nguiamba, prof de français
Dès que je suis obligée de les utiliser la troisième heure, ils ne veulent plus ! (en parlant des feutres pour tableau) Mme Schaffar, prof de maths
Moi sous la torture on me fait avouer que je suis martien ! M.Fourquet, prof d'histoire géo
Oui, mais toi faire phrase. M.Fourquet, prof d'histoire géo
La première fois, ça peut être "on se passe le stylo bêtement". La deuxième, c'est "on se lançe le stylo connement". M.Pernot, prof de Sciences de la Vie et de la Terre
Quand ils ont jeté le thé dans la mer ça a fait un grand thé géant. Théo'
C'est dans une fable de La Fontaine : La charue et ses enfants. Flavien
Je suis comme Mamie Poulain. Euh ... Amélie Poulain ! ma mère
- Je suis chaude. moi
- Je suis froide. A nous deux, on est tièdes.
Théo'

Titre : Mika - Everybody's gonna love today

Pensé par insupportable

Vendredi 30 mars 2007 à 20:41

Pars avec moi. En Anglettere, en Italie, en Espagne, au Maroc.
Allez on s'en va, en vélo, pourquoi pas ? On s'en fout après tout.
On se fout de tout. On s'en va, on laisse tout ça, je sais super bien le faire ça, moi. Fuir. Une de mes spécialités. Comme envie de sang sur les murs
J'ai dessiné Marylin, j'ai dessiné des bouches et des gens du bus, j'ai dessiné des mains et des ciseaux
Je n'mets plus de point aux phrases, que de virgules
C'est l'heure de manger
J'ai pas faim
Et la mère qui crie
Et se foutre du monde

Virgule(s)

Je m'en vais avec toi derrière les champs et au-delà des montagnes là-bas où les temps ne s'écoule plus et où la musique sonne et résonne dans nos têtes. Je m'en vais j'abandonne famille et amis, les animaux qui m'accompagnent tous les jours sans m'idôlatrer. Ceux qui ne me fixent pas quand ils me croisent dans la rue et ceux qui ne se prosternent pas. Je m'en vais avec toi ailleurs là où les fleurs ne fanent pas et où les magnolias prolifèrent et t'enferment dans un brouillard blanc et rose. Je m'en vais je vous hais. Je m'en vais qui m'aime me suive. Derrière les barrières blanches du paradis et à l'envers du décor, là où ceux qui nous mènent la vie dure tiennent les manettes de notre faible et misérable existence ; faible mais tellement unique pour chacun. Je m'en vais là où les questions ont des réponses. Par là-bas, tu vois,  très loin, vraiment loin, là où les gens biens trainent, squattent, rigolent, baisent, parlent, chantent, crient, sourient. Je m'en vais avec toi où tu voudras, où le vent nous ammènera, où les autres ne seront pas, où la mode n'existe pas, où les modes n'existent pas, où les gens me parleront pas, où ils se tairons, respecterons. Là où le silence reignera. Je m'en vais là où les sons qui nous entourent se transformeront selon nos envies. Là où l'envie n'existera pas, dailleurs. Là où on réfléchiras plus. Comme si on crevait d'envie de les faire se la fermer. Vos gueules vous nous les brisez, nos ovaires. Je m'en vais où il y aura neige quand on le souhaitera. Ou soleil ou pluie ou chaleur. Là où les oiseaux nous réveilleront et là où le manque n'existera pas. Les automobiles et les motos, les usines et les déchetteries, les dépotoirs et les asssociations-contre-la-haine-les-sans-abris-la-pollution-le-sida n'auront plus lieu d'être, d'exister, de survivre. La jungle de mes pensées s'etoufferai contre les parois des coulisses de la Terre. Je m'en vais, qui m'aime me suive.

Titre : Rose - La liste

Pensé par insupportable

Jeudi 29 mars 2007 à 20:46

Elle se baladait pas à pas très lentement sur la route principale. Les vieilles maisons repeintes par les nouveaux habitants se reflétaient dans ses yeux remplis d'émotions. Elle observait chaque pavé. Elle les reconnaissait les uns après les autres. Sur celui-ci, elle avait écrit le prénom de son amoureux à la craie. Celle qu'elle avait volée à sa maîtresse de cm2. Tous les souvenirs remontaient à la surface et l'envahissaient jusqu'à se perdre dans l'air aride. Elle parlait tout haut, comme pour signifier sa présence aux autres, ceux qui ne la reconnaissaient pas, parce qu'ils n'avaient pas grandi ici en même temps qu'elle et parce qu'ils recherchaient juste un petit coin simpa pour établir leur maison de campagne. Elle posait toujours son pied droit sur le trottoir et le gauche sur la route en chantant ses comtines préférées. La boulangère lui laissait un bonbon au caramel sur le bord de son magasin tous les matins. Et tous les matins elle écrivait Merci à la craie sur la plaquette d'ardoise accrochée à la vitrine. Et tous les lendemains matins elle découvrait l'ardoise comme neuve, vierge. Elle connaissait les habitants du village et leurs réputations. Les habitants la connaissaient, eux aussi. La secrète, qu'ils l'appelaient. Parce qu'elle disait jamais rien. Mais elle souriait tout le temps.
Et puis toutes les horreurs qu'elles avaient vécues revenaient comme des poignards dans le dos. Sa mère battue par son père devant ses yeux effarés, mi fermés. Elle chialait, sa mère. La fille aussi, chialait. Elle se bouchait les oreilles et suppliait son père d'arrêter. Il lui faisait mal. Et sa mère hurlait, mordait, jurait, griffait, crachait. Et son père tapait, tapait, tapait. Lui, il savait faire que ça. Jusqu'au jour où, comme dans tous ces cauchemards, le pire. A vingt-trois ans, morte rouée de coups, sous les yeux de son frère de deux ans son ainé. Douze ans plus tard, carabine à la main, le frangin tua le père. L'histoire parait tirée d'un roman de science fiction, irréel, irréaliste. Pourtant elle en gardait des souvenirs atroces. Des cicatrices et des blessures au coeur qui ne peuvent pas être diagnostiquées, encore moins soignées et surement pas oubliées. Haine et impuissance de la jeune fille. Elle pleurait maintenant à chaude larmes sur son passé. Les gouttes tombaient une à une en même temps qu'une averse la faisait changer de trottoir. La maison de son enfance elle pouvait plus la voir, voulait plus, elle y retournerait plus tard.

Elle s'appelait Suzanne, elle avait soixante dix-huit ans. Je suis sa petite-fille et je l'ai suivie hier. Je le connais mieux que personne. Elle m'a donné la connaissance de la vie. Elle a souffert avec moi. Elle m'a tout raconté, de a à z. La vie, c'était elle. Mourir tue. Elle est morte écrasée par une voitures de jeunes pourris qui avaient trop bu en revenant du village où elle était née. Trop bouleversée pour faire attention. En changeant de trottoir elle s'était faite renversée, comme un moustique qu'on suppimerait. J'ai attendu bêtement dans la voiture. Moi j'voulais pas l'encombrer pendant qu'elle se souvenait. Le hasard déstabilisant fait bien les choses. Elle avait vu, et c'était aussi les dernières images qu'elle enregistrait, la ville où elle avait grandi. Là où elle n'avait jamais pu oser se promener. Je vous déteste tous.

Titre : Avril Lavigne - Fall to pieces

Pensé par insupportable

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