insupportable

spring summer fall winter

Mercredi 21 janvier 2009 à 18:02

Lever la tête, droite, regarder devant soi, et en même temps tout autour, haut dans le ciel. S'ouvrir à l'inconnu, sourire à l'inconnu, communiquer sa joie de vivre, ne plus prendre de retard et satisfaire tout le monde, y compris soi-même.
 
eh, Yvette, elle a eu son code tu crois ?



"stones taught me to fly
love, it taught me to lie
life, it taught me to die"

J'oubliais "écouter Damien Rice"

Pensé par insupportable

Dimanche 18 janvier 2009 à 17:31

Le rêve plutôt que la réalité, quand on ne peut se contenter que de ça.

Pensé par insupportable

Jeudi 15 janvier 2009 à 20:03

Il distingue deux chaises dont la sienne, en plastique, et la table bancale qui va avec, l'horloge indiquant l'heure tardive, autour du cadran se bousculent des chatons, en plastique eux-aussi, le papier peint d'un ancien temps, aux couleurs délavées, le vieux buffet formica blanc et marron, aux portes coulissantes, la nature morte centrée au-dessus du buffet, deux pommes et une orange avec aussi un bouquet de fleur, le napperon blanc fait main, par sa grand-mère, la porte pour sortir de la pièce, bleue, tout ça sans bouger de sa place.
Il ne distingue plus en revanche le grincement des chaises sur le vieux parquet, le basculement de la table, le tic-tac de l'horloge, les multiples endroits où le papier peint s'effrite, le blanc du buffet qui fonce, la nature morte de travers, le napperon qui est de plus en plus gris, la porte qui ne ferme plus.
Dans ce décor il trône, ses pensées sont peuplées d'ancêtres avec qui il voudrait communiquer à nouveau, sa mère est morte, depuis deux jours, la maison est à vendre et il retourne chez lui, loin d'ici, il photographie.

Pensé par insupportable

Mercredi 14 janvier 2009 à 21:12

Dans le noir de l'oubli j'errais, écoutant des chansons tristes, lisant les faits divers, mes yeux croulaient sous les larmes, et chacune m'enlevait une partie du poids qui me maintenait au fond du gouffre.




http://insupportable.cowblog.fr/images/schielefemmeassise.jpg
Femme Assise au genou replié, E. Schiele

Pensé par insupportable

Mercredi 7 janvier 2009 à 19:03

Extraits du Rapport de Brodeck de P. Claudel. C'est Brodeck qui parle, sauf précisé :

Pages 47-48 : "J'ai toujours eu un peu de mal à parler et à dire le fond de ma pensée. Je préfère écrire. Il me semble alors que les mots deviennent très dociles, à venir me manger dans la main comme des petits oiseaux, et j'en fais presque ce que j'en veux, tandis que lorsque j'essaie de les assembler dans l'air, ils se dérobent."

Page 49 : "La poésie ne lui avait été d'aucune utilité pour survivre. Peut-être avait-elle même précipité son agonie. Les milliers de vers, en latin, en grec et en d'autres langues, qu'il gardait dans sa mémoire à la façon du plus grand des trésors ne l'avaient aidé à rien."

Page 140 : " "Quand je vois un oiseau mort, me dit Hans Dörfer, et que je le prends dans ma main, j'ai des larmes qui viennent dans mes yeux. Je ne peux pas m'en empêcher. La mort d'un oiseau, il n'y a rien pour la justifier. Mais si mon père crevait là, près de moi, maintenant, d'un coup, je vous jure que je danserais autour de la table, et je vous paierais à boire. Parole !" "

Page 153 : "Mais au fond, mourir d'ignorance ou mourir sous les milliers de pas d'hommes redevenus libres, il n'y a au vrai aucune espèce de différence. On ferme les yeux, et puis il n'y a plus rien. Et la mort n'est jamais difficile. Elle ne réclame ni héros, ni esclave. Elle mange ce qu'on lui donne."

Page 176 : " "Ca ne pouvait se terminer que comme ça, Brodeck. Cet homme, c'était comme un miroir, vois-tu, il n'avait pas besoin de dire un seul mot. Il renvoyait à  chacun sont image. Ou peut-être que c'était le dernier envoyé de Dieu, avant qu'Il ne ferme boutique et ne jette les clés. Moi je suis l'égout, mais lui, c'était le miroir. Et les miroirs, Brodeck, ne peuvent que se briser." "
Le curé Peiper

Page 223 : "Ulli avait la passion des cafés, mais pas assez d'argent pour les fréquenter. Il m'entraînait souvent pour les contempler, et cette simple vision de ces lieux où brûlaient le gaz bleu et les chandelles de cire, où les rires des femmes montaient vers les plafonds tapissés par la fumée des cigares et des pipes, où les hommes portaient des habits élégants, des fourrures durant les mois d'hiver, des foulards de soie à la belle saison, où les garçons impeccablement sanglés dans des tabliers blancs semblaient les soldats d'une armée inoffensive, suffisait à le remplir d'une joie enfantine.
"On perd notre temps dans les livres, Brodeck, c'est là qu'est la vraie vie !" "

Page 276 : "Je ne crois pas que les rêves annoncent quoi que ce soit, comme certains le prétendent. Je pense simplement qu'ils adviennent au moment où il faut, et qu'ils nous disent, dans le creux de la nuit, ce que nous n'osons peut-être pas nous avouer en plein jour."

Page 319 : "Je ne sais pas si l'on peut guérir de certaines choses. Au fond, raconter n'est peut-être pas un remède si sûr que cela. Peut-être qu'au contraire raconter ne sert qu'à entretenir les plaies, comme on entretient les braises d'un feu afin qu'à notre guise, quand nous le souhaiterons, il puisse repartir de plus belle."

Page 378 : "Nos mains se posèrent en même temps sur la bonbone. Il n'y eut pas d'hésitation. Juste un dernier regard échangé entre Kelmar et moi, et nous bûmes cette eau chaude contenue dans les parois de verre, nous la bûmes jusqu'à la dernière goutte, en fermant nos yeux, avec avidité, comme jamais nous n'avions bu d'eau jusqu'alors, en ayant la certitude que ce qui coulait dans nos gorges, c'était de la vie, oui, de la vie, et cette vie avait un goût sublime et putride, brillant et fade, heureux et douloureux, un goût dont, avec horreur, je me souviendrai je crois jusqu'à mon dernier jour."

Pages 396-397 : "J'ai laissé la machine dans la maison. Je n'en avais plus besoin. J'écris maintenant dans mon cerveau. Il n'y a pas livre plus intime. Personne ne pourra le lire celui-là. Je n'aurai pas à le cacher. Il est à jamais introuvable."

Pensé par insupportable

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