insupportable

Claquements de doigts, un, deux. Phalanges qui s'entrechoquent. Termes médicals, non : médicaux. Le français qui se perd. Les abréviations qui envahissent. Le dégoût d'écrire, parce qu'écrire égal être en cours.
Il parait qu'on est amis avec des gens qui nous mettent en valeur. Je méprise les gens. Ca recommence. Les gens qui prétendent avoir une vie de méga ouf. Donc j'y crois, qu'on est amis "avec des gens qui nous mettent en valeur".
L'inspiration qui fuit.

Un TGV passe dans la gare. En coup de vent.
Je l'entends arriver, de loin. Je vois les phares, deux cercles de lumière - jaune, puis blanche. Ils grossissent de plus en plus. Il te frôle, avec ce bruit assourdissant. Et une fois qu'il est passé, un coup de vent.

AH mais je suis en plein dans une crise "revenez, mes amours perdus". Du genre "je vais tout vous pardonner, je vais tout oublier". En gros je me voile la face, une fois de plus. J'espère trouver dans mon passé un peu de réconfort. Alors je regarde des photos sur fb et je me dis "putain pourquoi je l'ai laissé filer  ?!". Mais en fait, je sais pourquoi. 
By the way, cette année, PERSONNE ne m'a demandé quelles étaient mes bonnes résolutions, même moi je ne me le suis pas demandé à moi-même (article égocentrique, çacésur).
Enfin, la nuit je rêve que je suis en plein dans une histoire d'amour de méga ouf méga love, et le jour ben je traine devant l'ordi/la télé. Bon ben ça suffit pour aujourd'hui.

j'ai dans le crâne un truc qui appuie, ça presse sur mes tempes, et mon ventre qui se sert, j'ai la gerbe et je sens que je tiens pas debout.

à chaque pas ça m'oppresse, ça me compresse, j'en ai marre de te faire la conversation, tu n'as rien à dire.

dans le train, j'ai vu quelqu'un qui me plaisait. rien de sérieux (évidemment ! il ne m'arrive jamais rien de sérieux), mais je me suis dit
et si là il venait vers moi pour me parler, m'aborder.

moi je crois que je pourrais lui cracher dessus tellement je ne crois pas que je peux plaire aux autres. comme si j'avais tellement "vécu" dans mes rêves que la réalité m'effrayait. je ne sais pas faire la conversation. je m'inquiète des situations que je ne prévois pas. en même temps, j'essaie de me rappeler que souvent, j'ai rencontré des gens. et je ne les ai pas forcément déçus par mon manque de conversation. c'est juste que, comme il n'y a pas de mode d'emploi de la rencontre, j'ai la perpétuelle impression de ne pas savoir comme m'y prendre. je suis une vraie scientifique. 1 + 2 = 3, je maitrise. mais la vie me dépasse je crois.

alors s'il était venu vers moi, j'aurais fait quoi ? je veux dire, s'il n'avait pas été entreprenant (peu probable, puisqu'il aurait alors abordé une inconnue), j'aurais ri bêtement (et encore, je sais mal faire ça), ou j'aurais rougi pitoyablement. bête ou pitoyable, rien de bien fameux. et on ne se serait rien dit.

et puis ce truc qui tambourine dans mon crâne. comme si mon cerveau poussait sur les os, parce qu'il en a marre d'être enfermé. comme moi, je me sens enfermée.

Il était une fois une tempête un jour de printemps. un souffle venu de nulle part. Plus un mot dans la pièce, plus un. Les regards ne se croisaient pas, tellement la peur était palpable. Il était accroupi derrière la table, la tête entre les mains. Je n'osais pas l'interpeller, je savais qu'il pleurait. Je savais à quoi il pensait, et ce n'était pas à moi. Après tout, comment aurait-il pu me remarquer, moi qui était agenouillée derrière l'angle du mur, la tête dépassant à peine? Mon champ de vision s'en trouvait sensiblement réduit, et j'avais quelques larmes en travers. Je m'interdisais pourtant de pleurer, même pour une mioche. Nous devions affronter une guerre.
Tout à coup, il se leva en serrant les poings. Il se dirigeait vers la fenêtre quand la tête apeurée de Cristal apparut dans l'entrebâillement de la porte.