Treize heures treize. Un chant presque inaudible, murmure, nous arrivait lorsque nous étions couchés côte à tête dans ce champ rouge de coquelicots. On l'entendait s'approcher, une odeur de fleur des champs, autre que de coquelicot, l'accompagnait voluptueusement. Ce chant dans ce champs retardait nos paroles, atténuaient nos rires et nous enfermait dans un silence respectueux, signe d'écoute intense.
- Tu l'entends, comme moi dis, hein ? chuchotais-je.
- Oui, comme un souffle. Un de ceux qu'on garde dans la mémoire, enfin qu'on n'essaie même pas d'oublier, il me répondait en serrant les lèvres.
Je me retournais , applatissant encore d'autres herbes hautes mais en évitant soigneusement les fleurs. On voyait s'approcher comme une forme fantôme, un petit être presque gazeux. Une fumée qui sent bon. Et puis un coup de vent, une rafale qui me fait me retourner, une mini-tornade. Je ne savais plus trop quoi penser, cet enchainement d'effets spéciaux, je me serais cru sur le tournage d'un film de science fiction dont le personnage central est follement amoureux, cet homme a des pouvoirs surnaturels qui contrôlent les éléments, un feu se serait mis à nous réchauffer et j'aurais trouvé ça normal. Je me retrouve, comme par magie, hasard, chance, ce que vous souhaitez, nez à nez avec lui, ou plutôt bouche à bouche.
Titre : Pauline Croze - T'es beau