insupportable

spring summer fall winter

Dimanche 30 août 2009 à 23:26

Ma toute douce,
Voilà un an que je suis sans nouvelles de toi. Je reste certain que mes lettres te parviennent, et que tu les lis puis les serres contre ton coeur.
Où est donc passée ton odeur, celle avec laquelle je me réveillais ? Un mélange de lavande et de fleurs des champs.
Ma Violaine chérie, les temps ont changé. Les voisins ne me saluent plus comme avant depuis que tu es partie, ils ont vieilli, ils ont bien pris dix ans, en une année. Ma mère est toujours souffrante. Le médecin ne semble pas convaincu qu'un rétablissement soit encore envisageable. Je vais me recueillir sur la tombe de mon père, parfois. Je lui parle de tout et de rien. La petite voisine du premier va déménager, elle va habiter avec son nouvel ami dans le Nord. Il parait que les gens y sont très accueillants.
Je sais bien que tu ne souhaitais plus entendre parler de moi, mais je n'arrive pas à m'empêcher d'essayer de te reconquérir. Ma douce, je te demande de revenir. Je t'expliquerai pour tout. Je ne te demande pas de me pardonner. Mais seulement d'écouter ma version de l'histoire. Je crois que jamais tu ne reviendras me voir ici. Tu as certainement un peu peur de moi. Je t'ai surement demandé trop de fois d'essayer de me comprendre. Oui je suis parti, je t'ai fuie. Je n'ai pas voulu voir en face tout l'amour que tu me promettais. Rien que l'odeur de lavande et de fleurs des champs, avec laquelle tu parfumais les lettres que tu m'envoyais, suffisait à me rendre fou et à me faire perdre mes moyens. J'enfermais les lettres dans une boîte, pour qu'à chaque nouvelle lettre reçue, je laisse à nouveau mon corps s'enivrer du parfum.
Violaine. A-t-on eu besoin de se voir pour tomber amoureux ? Des mots et des photos ont suffit pour ma part. Et l'idée que tu viennes me voir m'a terrorisé. Je n'étais pas prêt. Tu étais ma déesse, et derrière les mots, à des centaines de kilomètres, je ne risquais pas de te perdre, ni de me retrouver face à une réalité désolante. Quoi de mieux que de vivre dans ses rêves, lorsqu'on est perfectionniste et intransigeant.
Mon ange, ma toute belle, j'ai tenté de changer, pour toi. Je me suis intéressé à tes goûts musicaux et littéraires, j'ai passé l'éponge sur tes frasques, préférant t'imaginer comme une sainte n'ayant jamais pêché. Combien de fois aurais-je pu rompre avec toi, si on s'était connus dans la réalité ?
Le seul manque que je ressentais était bien entendu la présence physique. Quelqu'un à regarder dormir la nuit, en particulier. La respiration lente et régulière de celle qu'on aime, certainement. Mais à part la nuit, où mon imagination ne suffisait plus, j'étais satisfait. Je sentais que tu pensais à moi, parfois. Et je pensais à toi, tout le temps. A ce que tu faisais à tel ou tel moment de la journée, aux garçons qui te faisaient des avances. Et puis tu es venue, tu m'avais prévenu mais je n'avais pu y croire. Ma mère m'a raconté ta visite à la maison, mais j'étais en vacances dans les Alpes. Il parait que tu étais ravissante dans ta robe rouge, et que tu as presque pleuré en repartant. Et puis je n'ai plus eu de nouvelles. Un an.
Je ne t'ai pas fuie, mon amour. Enfin je ne sais plus. J'ai écrit plus haut que je l'avais fait. Au fond, nous ne sommes peut-être faits que pour êtres des fantasmes l'un pour l'autre. Pour moi, tu serais ma princesse parfaite, la perfection que je ne pourrais mériter. J'aurais bien peur de rencontrer celle que j'idéalise depuis longtemps. Tu es mon irréelle, une image, un portrait et un parfum.
Mais tu n'es pas normale comme ces gens qui toussent, parlent, boivent. La seule chose que tu fais, dans mon imagination, c'est te promener dans un champs de coquelicots, dans une robe d'été légère, en chantonnant quelques airs charmants. Tu illumines mon réveil, de ta perfection mesurée. Comment pourrais-je avoir ne serait-ce que l'envie de casse ce mythe en te rencontrant ?
Comprends-moi, je t'en prie. Et si ton réalisme refait surface, alors cette fois ne me préviens plus quand tu voudras venir me voir. Si ma mère ouvre la porte, qu'elle me sait dans la maison, alors elle te fera entrer, et ton parfum entrera lui aussi, et je saurai que tu es là, ma beauté. Si tu penses qu'on doit un jour se rencontrer, alors ça ressemblera à ça. 
Violaine, ma chérie. Tu ne comprendras pas cette lettre. Peu importe, j'aurais tenté de t'expliquer comme je t'aime et je te suis reconnaissant d'occuper mes moments de solitude.
Car au fond, tu n'es que ça, tu n'étais que ça, une occupation. Et si tu veux être autre chose, alors je m'occuperai autrement, avec quelqu'un d'autre. 
Ma douce, mon amour, oublie-moi, arrête de me hanter ou rejette-moi.
Je t'aime

Pensé par insupportable

Par Eteins-celle le Dimanche 30 août 2009 à 23:51
"Mais tu n'es pas normale comme ces gens qui toussent, parlent, boivent. "
(je pense qu'on s'est lues en même temps :)

T'imagines pas comme j'aime cette lettre, t'imagines paaaaaaaas, je sais pas trop comment expliquer, comment tes mots là BAM ils dialoguent avec toutes ces choses dans ma tête. D'habitude j'aime tes articles, oui, mais là c'est encore autre chose, faut que tu conserves cet article quoi!

Pour la fac, j'ai peur moi aussi de pas réussir à m'intégrer comme je voudrais, mais j'sais pas, comme dit mon frère sur 1600 personnes (j'crois que c'est le nombre de personnes qu'il y a à ma fac enfin peu importe) je vais bien réussir à trouver des gens avec qui je vais m'entendre quand même! Ou alors j'ai peu qu'on soit tellement, à l'amphi par exemple, que du coup, on passes tous les uns à côté des autres sans prendre le temps de se connaitre davantage. Fin y aura les TD sinon.
Enfin non c'est pas possible, on trouvera forcément des gens chouettes, eh ho, faut se resaisir. ça m'a filé le bourdon quand t'as dit que t'aurais trop de travail pour réussir à t'intégrer. Perso, je conçois pas une année sans amis, c'est impossible, surtout qu'on sera indépendantes, on aura personne le soir en rentrant chez nous au départ (bon si moi j'ai mes frères et ma soeur qu'habitent pas loin et quelques amis mais bon). Franchement y a pas de raison que tu t'intègres pas, t'as pas la peste, t'as l'air d'être quelqu'un de coule, d'intéressant au moins.
Bon, je pense que tout le monde a plus ou moins les mêmes appréhensions aussi.
alala

bonne nuit!
Faudra qu'on se raconte comment ça s'est passé cette rentrée hein! (c'est quand la tienne déjà?)
Par Eteins-celle le Mardi 1er septembre 2009 à 14:44
Alors alors, ma rentrée c'est le 14, et ma pré, le 10, argl.
J'ai une amie de lycée qui sera dans la même fac que moi mais elle fait anglais, et moi Lettres, mais bon on pourra se voir quand même. Sinon y a plutôt pas mal de monde qui sera dans la même ville que moi, mais après ce sera autre chose pour se voir vraiment, enfin on verra bien. Et hum famille nombreuse, j'sais pas, on est 6, mes parents ont eu 4 enfants, 2 garçons et 2 filles, je suis la cadette, les autres sont déjà tous indépendants depuis un certain temps car mes parents m'ont eu plus tard qu'eux. blablabla

A la fac, étant donné que je suis plutôt timide avec les gens que je ne connais pas du tout, je pense que je serai d'office attirée par le même style de personne que moi, après ça veut rien dire du tout, au lycée au tout début, un mec (qui est aujourd'hui un de mes copains) est bien venu vers moi alors que c'est une personne totalement extravertie, fin j'pense que y a des trucs qui se créent et au début c'est difficile de dire sur quoi ça se fonde vraiment. Tu me suis, bien sûr!
Toi aussi t'as de la famille où tu seras alors, c'est coule!(t'as combien de frères/soeurs?)
L'an prochain, enfin la semaine prochaine, ahaha, j'aurai la télé mais pas d'ordi et ça va grave me manquer, à mes heures de geek. J'ferai comme toi, ce sera le weekend!
Selon ce que j'ai retenu de la lettre à Violaine, on doit avoir des similarités au niveau bordel sentimental. Wé.

bisous (prions pour que mon commentaire ne s'efface pas comme le tien, ou alors tiens, je vais le copier d'abord) (on s'en fout)
Par PL le Mercredi 2 septembre 2009 à 17:03
Toujours aussi bluffant de virtuosité littéraire ma vieille. Tu m'impressionneras toujours ...
Par bygones le Lundi 7 septembre 2009 à 23:26
Bordel c'est beau.
Désolée c'est sorti tout seul.
 

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