Être un raté. J'ai passé 58 ans de ma vie à essayer d'être quelqu'un d'autre.
Demain j'aurais 59 ans et je serais seul.
Un raté, oui c'est ça.
Je l'ai toujours été.
Jamais premier, jamais dernier, jamais aimé, jamais détesté.
Toujours moi-même. Moi l'invisible qu'on salue par habitude mais qu'on finit par ne plus voir. Pas assez coloré ? Pas assez visible ? Pas assez comme eux…
Difficile de trouver sa place privilégiée dans ce monde, et ne pas se laisser à la tentation de s'envoler pour toujours vers un autre monde.
J'irais nourrir les pigeons demain, sur la place du village assis sur mon banc devant l'église et je regarderais les vieux couples se tenir par la main, se dire des mots de tous les jours. Couvre-toi, prend soin de toi, fait attention tu ne vois pas là, la flaque.
Apercevoir deux jeune adolescents se serrer si fort l'un contre de l'autre pour ne faire plus qu'un, et tenter d'arrêter le temps.
Et détourner la tête de cette vision idyllique de la vie et me poser les mêmes questions encore et encore :
Et toi ?
Pourquoi la vie n'est pas si belle derrière tes yeux ?
Et aucune réponse, aucune main dans la mienne aucun sourire compréhensif.
A 15h, je me lèverais par habitude, et je reprendrais la rue du maréchale de l'âtre de Tasinie, Tourner à droite sur le boulevard de la république et continuer tout droit.
Par réflexe j'appuierais sur le bouton de l'ascenseur ; celui de droite pas de gauche.
Entendre le bruit du moteur et sentir mon corps monter, cette sensation étrange à laquelle on ne s'habitue jamais.
Ouvrir la lourde porte verte au numéro 12 qui est soit dit en passant plus vraiment verte.
La refermer dans un bruit sourd.
Seul, abandonné de tous, ils m'ont tous tournés le dos. Je n'étais qu'un simple homme, même pas beau.
Et me regarder dans la glace de mon petit appartement désert et baisser les yeux parce qu'avec le temps j'ai toujours ma sale gueule.
Dîner a 19h30, une soupe un morceau de pain. Cela suffit grandement quand on s'est habitué à manger peu, à manger seul.
Regarder les informations et éteindre le poste ; dégoûté de ce monde, de cette société.
Une impression de déjà-vu se lit dans mon cœur.
Se coucher comme tous les soirs trop tôt. Mais on à rien à faire d'autre alors on dort.
Bon anniversaire. Demain personne ne me le dira, demain aucun post-It sur le frigidaire ne me le souhaitera.
Demain, j'aurais 59 ans.
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J'ai longtemps hésiter entre 2 textes, et je voudrais remercier une amie qui ce reconnaitra d'avoir corriger les fautes...
Voilà j'espère que vous avez aimez =)
Avec tout mon amour.