Son sourire restait bien présent, étiré de chaque côté de sa bouche pulpeuse, chaque lèvre un peu usée par les baisers amoureux. Ce premier était allongé et anormalement dépourvu de fréquence cardiaque. Un petit pincement au coeur remplaçait la joie de vivre habituelle de la jeune fille aux cheveux blancs. Les yeux fraichement dégoulinants, rouges, meurtris, fixaient le vide et les gens regardaient, intrigués, le poteau qu'elle semblait observer. Elle restait vide de mots, de sentiments, comme sur une autre onde à des années lumières de tous les soucis des passants, elle restait vide d'espoir aussi, de haine, de joie. Elle bloquait et ne réagissait pas au tapes amicales, comme une morte-vivante. Le temps s'était figé, une petite bulle l'entourait vaillemment, ses mouvements n'étaient pas, son regard n'était plus. Tout une vie à attendre un évènement trop vite arrivé, toute une vie à craindre ce qu'on ne peut éviter. A présent le doute s'imposait dans sa tête et elle faisait des mouvements saccadés dans le vide, comme pour essayer de revenir en arrière, de reprendre sa respiration, oui, comme si elle était sous l'eau, noyée, asphyxiée.
Et elle ne se rendait pas compte qu'au plus profond d'elle, elle aurait voulu hurler à tous les autres d'en profiter tant qu'il en est encore temps.
Et elle ne se rendait pas compte qu'au plus profond d'elle, elle aurait voulu hurler à tous les autres d'en profiter tant qu'il en est encore temps.
Titre : Damien Saez - Montée la haut