J'attendais d'abord patiemment qu'elles éclatent toutes pour enfaucher mon stylo et le serrer convenablement entre mes pouce index et majeur. Ca pétille dans mes yeux et dans ma tête. Ce soir là les mots s'affichaient en grand coloré et lumineux. Et tout coulait de source. Une jolie après-midi pontuée par une fraîche, trop fraîche, soirée pour une nuit d'août. Pink Floyd faisait grésiller les murs mais mes parents dormaient quasi certainement devant l'écran bourré d'images du concert. Par la fenêtre je faisais des bulles dans la nuit allumée d'un discret éclairage public. Les bulles s'empressaient de mourir ou s'accrochaient entre copines pour mieux s'évader entre les étoiles, rigoler sur des blagues de bulles roses, comme les blagues sur les blondes. J'attendais que leur chute soit définitive et inéluctable et soufflais à nouveau dans le cercle. Les bulles s'échappaient. Une liberté acquise, un vol court mais vécu pleinement. Un premier et dernier grand saut. Tout un évènement préparé pendant des années se finissant parfois en une fraction de secondes. Les plus grosses emplissaient mes yeux d'émerveillement et vidaient d'air ma bouche. Et puis quand on ne s'étonne plus la vie n'a plus d'intérêt. Alors je soufflais soufflais soufflais encore, donnant libre court leur à vie éphémère. Les bulles s'envoient en l'air et je m'envole dans les étoiles. Mon regard fixe la dernière qui, ploc, s'éteind.
Titre : Damien Rice - The blowers daughter