insupportable

spring summer fall winter

Lundi 27 août 2007 à 22:17

Les gens ont une vie formidable, passionnante. Ils se lèvent tard, ils mangent à peine, s'habillent des heures durant de bouts de tissus qui liassent entrevoir, sortent, ils boivent, vomissent, rencontrent, ils s'embrassent, baisent.
La mienne est ordinaire. Je ne me lève ni trop tôt, ni trop tard, je regarde la télé,  mange, je regarde la télé, vais sur l'ordinateur, mange, je me douche, vais sur l'ordinateur, je vais me coucher.
Le but de leur vie est de profiter, d'en prendre plein les mirettes, d'en avoir des tas à raconter et de tenter toutes les expériences les plus folles et les plus débridées. De tester tout ce qui est testable, de jouir, de profiter, de s'évader, de retomber durement, de ressacer et de recommencer.
Mon but est de retracer leur vie, avec des détails encombrants pour mon esprit dérouté. De décrire toute cette merde, d'en parler à la troisième personne. De parler d'amour alors que je n'ai strictement aucune expérience, d'en parler comme si j'avais déjà tout vu, d'en parler et de donner l'impression de vécu. Moi j'n'ai qu'à m'inventer des petites histoires pour satisfaire mon cerveau, je vis mes textes plus que ma vie. Je détaille, j'raconte, j'décris, je vis dans le faux.
J'en vomirai, bientôt, de cette vie.


Titre : Scorpions - Send me an angel


Pensé par insupportable

Jeudi 23 août 2007 à 21:46

J'attendais d'abord patiemment qu'elles éclatent toutes pour enfaucher mon stylo et le serrer convenablement entre mes pouce index et majeur. Ca pétille dans mes yeux et dans ma tête. Ce soir là les mots s'affichaient en grand coloré et lumineux. Et tout coulait de source. Une jolie après-midi pontuée par une fraîche, trop fraîche, soirée pour une nuit d'août. Pink Floyd faisait grésiller les murs mais mes parents dormaient quasi certainement devant l'écran bourré d'images du concert. Par la fenêtre je faisais des bulles dans la nuit allumée d'un discret éclairage public. Les bulles s'empressaient de mourir ou s'accrochaient entre copines pour mieux s'évader entre les étoiles, rigoler sur des blagues de bulles roses, comme les blagues sur les blondes. J'attendais que leur chute soit définitive et inéluctable et soufflais à nouveau dans le cercle. Les bulles s'échappaient. Une liberté acquise, un vol court mais vécu pleinement. Un premier et dernier grand saut. Tout un évènement préparé pendant des années se finissant parfois en une fraction de secondes. Les plus grosses emplissaient mes yeux d'émerveillement et vidaient d'air ma bouche. Et puis quand on ne s'étonne plus la vie n'a plus d'intérêt. Alors je soufflais soufflais soufflais encore, donnant libre court leur à vie éphémère. Les bulles s'envoient en l'air et je m'envole dans les étoiles. Mon regard fixe la dernière qui, ploc, s'éteind.


Titre : Damien Rice - The blowers daughter

Pensé par insupportable

Lundi 20 août 2007 à 21:40

Moi j'regardais seulement. J'm'étais caché là, j'voulais piquer des car en sac dans la boîte à bonbons, et puis comme j'ai entendu du bruit j'ai fermé la porte sur moi. C'était pas très rassurant. Pas comme quand papa me prend dans ses bras, non, c'était plutôt comme le soir tout seul quand il pleut.

"- J'sais plus qui tu es, elle lui a dit, comme quand on joue à un jeu de rôle tous les deux, elle sait pas qui il faut attaquer, mais là elle avait l'air de le penser vraiment.
- J'sais qui tuer", il lui a dit avec un point d'exclamation derrière.

Les points d'exclamation on m'a apprit à l'école, avec les points d'interrogations aussi. Ceux qu'j'ai dit en premier c'est quand on parle fort. Et ceux d'après c'est pour les questions.

"- La détente est tout contre le doigt qui se crispe un peu. A bout portant je presse sur la gâchette. La victime regarde le fou dans les yeux, le flou dans les yeux et hurle au secours mais les voisins sont sortis. La balle s'encastre dans le petit corps trop fragile qu'on a jamais voulu toucher sous peine de le froisser. L'arbrisseau s'effondre et la bave déguouline. Le meurtrier parlera suicide et le gamin ira chez la belle mère. Les autres seront bouleversés le journal en parlera. Le cimetière pourrit un peu plus. La vraie victime, c'est moi."

J'ai pas tout bien compris. Les billes se sont éparpillées sur le sol sans que j'ai pu les retenir. Papa m'a regardé d'un drôle d'air. Et puis "un gamin ça se la ferme". Et moi je savais pas que j'aurais pu l'enfermer en prison pendant un bout de temps, juste avec deux trois petites confidences.


"Si tu parles, tu meurs. Si tu ne parles pas, tu meurs. Alors parle et meurs."
"Ne baisse pas les bras : tu risquerais de le faire une heure avant le miracle."


Titre : Alain Souchon - J'ai dix ans

Pensé par insupportable

Lundi 20 août 2007 à 20:55

La voix plaintive de Thom ne m'inspire guère ce soir, je m'abandonne aux bons vieux Beatles, bien plus réjouissants.





Et puis j'aime à l'usure, qu'à l'usure. J'attends de voir combien de temps on me supporte et j'avise par la suite. Si je n'énerve pas tout de suite c'est peut-être pas trop mal parti. Est-ce que c'est vrai qu'une fille doit se montrer désintéressée pour attirer l'autre ? On dit bien que l'innaccsessibilité attise l'envie. Alors ... De toute façon je tombe souvent amoureuse d'une image, comme d'une photo dans un magazine. D'une idée d'un physique d'un esprit d'un regard d'un sourire d'un rire d'un attout d'une qualité d'une opinion d'un musicien d'un humour d'un blog d'un.


Titre : Voilà - Jeanne Cheral

Pensé par insupportable

Dimanche 19 août 2007 à 14:41

Elle était parsemée de blessures, toute sa vie était secouée de spasmes terrifiants, ses "proches" fuyaient ce qu'ils appelaient la poisse, l'horreur, la possédée. Mais aucune importance à cette heure ci, de toute façon elle est morte, finie, elle a rejoint son origine et celui qui lui a dicté ses moindre mouvements disent-ils avec soulagement. Vous me direz que je suis cynique et autres, mais quoi que je dise mes mots n'atteindraient pas le degré de violence de tout ce qu'elle a subit durant sa vie ; et possédée ou pas, c'était bien vrai, elle portait la poisse et se déplacait partout avec elle comme un petit clébard mal élevé qui bouffe sa laisse et qui lache pas sa propriétaire.
Toute petite déjà elle se tailladait les doigts en coupant le pain.
Mais la maladresse n'était pas la seule de ses qualités de poisseuse experte, loin de là. S'ajoutait le fait qu'elle était casse-cou, et par ça j'entends qu'elle était recouvertes de cicatrices aux genoux chevilles poignets coudes tibias des fractures et petites écorchures datant de son enfance. Ses cicatrices lui donnaient une peau blanche et difforme, une couche d'épiderme supplémentaire, un emballage raté et détruit.
En outre, ses  camarades de classe lui en faisaient voir de toutes les couleurs, de ce fait ses cheveux étaient plutôt épars, et les repousses loin d'être esthétiques. La peau de ses joues plutôt blanche à l'origine s'en trouvait écarlate à vie, les claques pleuvaient sur son visage ébété.
Puis plus tard le seul homme qui lui était tombé dans les bras en rajouta en la battant, la griffant, la mordant, agrandissant ainsi la liste de toutes ses blessures.


Une femme plutôt dépourvue de chances -une histoire éxaggérée direz-vous-, qui n'avait trouvé l'unique porte de sortie qu'à la fin de sa vie, un trou dans le front, pissant le sang et ses yeux de dire toute la jubilation qu'elle éprouvait dans l'instant de se débarasser de cette enveloppe décharnée, ce fut la cerise sur le gâteau, mais l'unique fruit de sa propre violence.

Titre : Alain Bashung - Malaxe

Pensé par insupportable

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