insupportable

spring summer fall winter

Samedi 15 septembre 2007 à 18:18






Je m'asseillais à ses côtés elle était morte mais vivante si belle encore pleine de vie ses joues étaient rouges commes les coquelicots dans les champs et elle me faisait penser à ces champs que j'avais parcouru en courant avec elle cette vie gâchée par une mauvaise passade un mauvais passage un pont mal traversé un suicide qui n'arrive pas à sa fin et qui laisse un goût amer comme les oranges que tu me faisais avaler alors que je détestais ça et que tu le savais.

Tu n'as fait que me tester jusqu'à me quitter pour de bon comme si le temps pour voir si tu m'aimais avait duré pendant si longtemps ce n'était qu'un mensonge d'une vingtaine d'années et j'y ai cru bien sûr mais les femmes font souffrir les hommes c'est connu et de toute façon une lionne comme toi ne pouvais s'attacher à moi et pourtant.
Je t'aurais offert tout ce dont tu rêvais je t'aurais décroché la Lune je t'aurais construit toute une vie et je t'aurais aimé comme une princesse je t'aurais chéri embrassé aimé encore et aimé aimé jusqu'à l'usure de mon coeur mais j'aurais tenu bon jusqu'à.
Mais non tu n'y croyais plus tu es restée parce qu'il n'y avait pas de raisons que tu t'en ailles et pourtant je croyais que ça tiendrait jusqu'à ce que je sois vieux et plein de poussière recouvert de tes cendres mais.
Les autres croyaient à nos éclats de rire à nos clins d'oeil à tes sourires à mes faussettes à tes yeux pétillants et pourtant tu étais belle mais j'aurais du deviner que je ne l'étais pas assez pour toi et pourtant je devrais te détester d'aimer les gens comme ça et puis.
Nos enfants ont grandi se sont enfuis te laissant sans raisons de rester mais ne t'en donnant pas non plus pour partir s'abandonner à la routine ne plus partir en vacances regarder la télévision tricoter nourrir le chat sortir les poubelles vieillir acheter des cadeaux aux enfants faire des repas de famille vieillir regarder les photos des petits enfants en prendre un bon coup vieillir ne plus chanter comme avant vieillir vieillir encore et toujours et même.
Regretter le temps où on ne s'entendait pas au moins tu faisais attention à moi regarder l'heure passer sans toi maintenant et puis oui rester là à fixer l'horloge seconde et tic-tac-tic-tac jusqu'à devenir fou se faire embarquer dans une maison de retraite oublier le passé récent ne plus me rappeler de toi et pourtant je n'ai que vingt ans mais je vois tout ça si bien dans le futur et je n'ai déjà plus la force de te retenir tu t'enfuiras je sais tu t'enfuiras non je m'enfuirai d'abord avec mon baluchon comme si tu me jettais dans la rue j'irai voir des vieilles mamies qui auront pitié de moi mais.
Je reviendrai on s'aimera à nouveau enfin je t'aimerai je t'aimerai toujours et toi tu feras semblant de ranimer la flamme tu sais si bien faire semblant pourtant je te suivrai partout jusque.



Je ne t'aime plus, mon amour.



Titre : Jacques Brel - Ne me quitte pas

Pensé par insupportable

Mercredi 12 septembre 2007 à 14:14

Tout le monde passe et trépasse, on croise des gens dans la rue sans y faire attention, on croise des regards qui ne se fixent pas dans la matière grise, on fixe des gens sans en regarder l'intégralité, on voit des visages mais ils s'enfuient vite et puis on essaie de se rappeler de certains avant de s'apperçevoir qu'ils ne sont pas ancrés.

Il est des visages qui ne s'oublient pas. De ceux qui s'incrustent à long terme, de ceux qui restent en vue même quand tu fermes les yeux, de ceux que tu vois quand tu regardes d'autres personnes, de ceux de qui tu rêves précisemment, de ceux qui te plaisent ou qui t'impressionnent, qui t'émerveillent, qui t'extasient.

Elle était l'archétype de ce deuxième paragraphe, l'exemple parfait. Je sais bien que chaque personne en intéresse et intrigue une autre. Elle était pour moi. Je pourrais vous la décrire entièrement et sincèrement je n'en vois pas l'utilité, vous ne la verriez sûrement pas dans la rue et elle échapperait à votre regard. Elle me plaisait, je n'peux que vous dire ça pour vous en convaincre.

Elle sortait de sa voiture jaune. Pas un jaune pisseux comme celui de certaines affiches publicitaires ni un jaune foireux fluorescent et infect. Un jaune harmonieux, jaune d'or magnifique qui retenait l'oeil intrigué de tous les passants. Elle portait un tee-shirt et un jean, était décontractée et paraissait heureuse. Quand on se ballade dans la rue on croise des gens qui marchent seuls et ne sourient pas. Elle était bel et bien seule mais affichait un léger sourire et avait les pomettes rougies. Ses cheveux tombaient joliment sur un petit décolleté, un collier avec une étoile le mettait en valeur.




Elle ne remarqua pas en passant si près de moi que je m'étais arrêté, pétrifié par tant de grâce et de beauté. Elle sentait bon, pas un parfum bouffant et étouffant. Elle sentait le frais, la verdure, et j'adorais ça.

Je lus son nom sur la pochette qu'elle serrait dans ses bras. Et tout le monde sait qu'on ne s'attache réellement aux gens que quand on connait leurs prénoms et cela ne rata pas, je la suivrai jusqu'au bout du monde qu'elle le veuille ou non, j'en étais bien conscient.

Je décidais alors de la suivre sans qu'elle me repère. A chaque tournant je courrais pour la rattraper et regardais dans le coin pour voir où elle était située. Je me la jouais agent secret ayant pour mission de connaître son numéro, son adresse ou son nom de famille. La tâche n'était pas aisée. Je la suivais et si ça se trouve elle ne rentrait pas chez elle ou alors elle habitait à des heures de route. Cette dernière idée ne m'encourageait que plus encore. J'abordais à sa suite une rue bondée où la foule se croisait sans se heurter. J'essayais de repérer sa couleur de cheveux fixée pendant des minutes, sa démarche ou sa paire de chaussure.

Je la perdais un peu de vue quand soudain elle m'apparut en pleine face, fonçant vers moi, tellement violemment que c'eut dû être fait exprès. Mes yeux se retrouvaient plongés dans son décolleté parce que je n'osais pas la regarder en face. Je m'aperçu qu'elle ne s'excusait pas, qu'elle ne changeait pas de direction et qu'elle ne courrait pas pour me fuir. Non, c'était si subtil que tous les gens autour s'écartèrent de deux ou trois mètres : violemment, comme si elle voulait profiter de ses derniers instants de vie, comme si elle mourrai bientôt, elle m'embrassait.



Titre : Louise Attaque - Léa

Pensé par insupportable

Lundi 10 septembre 2007 à 13:15

Collées serrées sur la piste de danse, elle s'éclataient en sueur. L'une menait et elle emmenait l'autre dans tous les coins et recoins de la boîte. La musique sonnait elles tressautaient aux moments forts et tournaient en cadence. Les gens les regardaient - que dis-je, les enviaient - mais elles n'y prêtaient aucune attention. Une harmonie nouvelle les encerclait touts les deux elle se trouvaient comme dans une bulle attirées l'une par l'autre. Le rythme changeaut et elles se trémoussaient en fonction. Elles finissaient les verres laissés sur les tables et le fumée des cigarettes des autres pouraissait un peu plus leurs poumons. Elles ressentaient leur chaleur commune et sentaient l'ambiance monter pendant leur démonstration. Ceux qui n'étaient pas partis jaloux les applaudisaient. Les décibels les traversaient et elles palpaient leurs secousses. Leurs parois s'enflammaient. Deux autres garçons tendaient à la jouissance, la même, juste à cinq mètres maintenant. Un cercle commun au deux groupes les entourait. La confrontation et les échanges étaient inévitables. La foule en demandait encore. Palpations et autres. Les soirées se finissent toujours en couples.





Titre : Queen - Another one bites the dust

Pensé par insupportable

Jeudi 6 septembre 2007 à 21:01

Elles sont cinq ou six elles se regardent toutes à travers des miroirs En fait elle n'est qu'une mais elle essaye d'en voir d'autre Elle se tourne se retourne et tente de voir ce qui est caché.Chaque fois elle en voit une de plus et puis ça la trouble tellement qu'elle regarde d'un autre côté Alors elle sait plus trop si elle doit choisir celle qui est plutôt belle et souriante l'autre qui fait la gueule une qui se cache bien au fond celle qui ose pas regarder la dernière qui s'inspecte curieusement Donc elle choisit celle qui fait semblant d'être contente alors qu'en fait on lui a dit qu'on la pensait joyeuse et heureuse Elle change pour celle qui sourit franchement puis se rappele de son ex qui lui assurait qu'elle était encore bien plus que timide Elle prend alors celle qui rougit Mais ça colle pas avec sa meilleure amie qui lui dit que de temps en temps elle fait semblant d'être contente Elle prend la première qu'elle avait pris rechange encore deux trois quatre cinq fois elle compte dans sa tête le nombre de différentes "elle" qu'on lui attribue pense à se parents qui lui conseilleraient celle qui est arrogante et puis au gars qu'elle croise dans le bus qui doit la prendre pour une folle déjantée à son médecin qui pense qu'elle devrait consulter un psychologue pour ses problèmes de stabilité émotionnelle Elle change rechange s'inspecte se tourne et puis se trouble tombe se relève et trouve encore une "elle" différente et il arrive lui indique qu'il s'est trompé que c'est de nouveau son copain et qu'elle est obligée de prendre celle qui est heureuse Et il a raison Il a raison Elle en est sûre et change d'avis aussitôt pour retrouver le premier la seconde suivante L'embrasse Le câline le remercie et s'interroge devant le miroir oublie oublie oublie Redevient elle même ?


Titre : The tellers - Second category

Pensé par insupportable

Mardi 4 septembre 2007 à 21:51

Son sourire restait bien présent, étiré de chaque côté de sa bouche pulpeuse, chaque lèvre un peu usée par les baisers amoureux. Ce premier était allongé et anormalement dépourvu de fréquence cardiaque. Un petit pincement au coeur remplaçait la joie de vivre habituelle de la jeune fille aux cheveux blancs. Les yeux fraichement dégoulinants, rouges, meurtris, fixaient le vide et les gens regardaient, intrigués, le poteau qu'elle semblait observer. Elle restait vide de mots, de sentiments, comme sur une autre onde à des années lumières de tous les soucis des passants, elle restait vide d'espoir aussi, de haine, de joie. Elle bloquait et ne réagissait pas au tapes amicales, comme une morte-vivante. Le temps s'était figé, une petite bulle l'entourait vaillemment, ses mouvements n'étaient pas, son regard n'était plus. Tout une vie à attendre un évènement trop vite arrivé, toute une vie à craindre ce qu'on ne peut éviter. A présent le doute s'imposait dans sa tête et elle faisait des mouvements saccadés dans le vide, comme pour essayer de revenir en arrière, de reprendre sa respiration, oui, comme si elle était sous l'eau, noyée, asphyxiée.

Et elle ne se rendait pas compte qu'au plus profond d'elle, elle aurait voulu hurler à tous les autres d'en profiter tant qu'il en est encore temps.

Titre : Damien Saez - Montée la haut

Pensé par insupportable

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