insupportable

spring summer fall winter

Samedi 20 octobre 2007 à 10:30

J'allumais mon baladeur. La musique s'infiltrait en moi, sortait par mes pores, je la respirai comme une grenouille respire. Le bruit m'empêchait d'écrire. Le cliquetis des touches sur le clavier flirtait avec les bruits de discussion des gens autour de moi. Je me réfugiais ici tous les jours, et je me nourrissais de radiohead, ne commandais qu'une bouteille d'eau pétillante et sortait des feuilles et mon stylo. La chaleur de l'intérieur contrastait vraiment avec la température extérieure, de la buée en couche épaisse recouvrait les vitres et les enfants y dessinaient des bonhommes, les jeunes des cœurs, les vieux des déceptions. Je me disais souvent que les vitres embuées étaient la réflexion exacte d'un état d'esprit. J'étais l'écrivaine, celle que tout le monde envie, qui ne gagne pas d'argent mais qui vit de mots, celles qui décrivait un corbeau dans les moindres détails, un beau noir de jais, des plumes longues et brillantes, qui se pavanait dans les feuillages et qui bèquetait quelques baies. Mes feuilles s'entassaient et pourtant il me manquait la dose d'un sentiment, quel qu'il fut, pour renforcer ma rage d'écrire. La colère, l'amour, la tristesse, tout m'aurait convenu, mais l'impatience et l'ennui ne m'apportaient jamais d'inspiration quelconque.

 

Radiohead sonnait donc, et sa seule voix me laissait de marbre, je m'embarquais dans les délires musicaux, je ne bougeais plus, absorbée par une musique sortie de l'ordinaire, un son infect tellement qu'il était bon, des chansons inécoutables, rageantes parce que merveilleuses, une voix infecte, parfaite, sensuelle et vraie, un album, une musique, des frissons rien que d'en parler et mon stylo qui ne décrivait que volutes et arabesques au gré des changements rythmiques.



Titre : Renan Luce - Les voisines

Pensé par insupportable

Mercredi 17 octobre 2007 à 15:35

Un décolleté plongeant laissait supposer et apprécier son entresein. Ses formes généreuses flattaient les hommes et son léger embonpoint faisait merveille. La sulfureuse jouait de sa poitrine pour séduire tout un chacun, la mode était à la richesse et aux formes rebondissantes. On voyait qu'elle vivait pleinement. Ses cheveux blonds légèrement bouclés ondulaient et se déposaient voluptueusement sur ses épaules. Son regard était pétillant mais vague, sa bouche entrouverte et ses pieds dansaient au lieu d'aller simplement. Elle respirait pleinement l'air de la capitale, faisait son petit travail en deux coups de cuillère à pot avec toujours le même homme, l'habitué du samedi midi qui réjouissait son porte monnaie. Elle jouait de ses cheveux et il lui tombait dans les bras, quelque peu ésseulé par l'acool. Puis elle lui tirait la bonne somme et se balladait dans les boutiques, choisissait une tenue de soirée et allait danser le soir avec l'espoir de le revoir, celui pour qui elle respirait, buvaient, dormait, mangeait : vivait. Il ne le savait pas et pourtant elle savait qu'inconsciemment il serait complètement conscentant. Jusqu'à ce soir où la vie lui rendait ce bonheur, ce sourire, cette joie et cette beauté. Le regard était maintenant déterminé, la bouche franchement retroussée sur les côtés, les gestes précis, la voix franche et vraie. Elle se montrait avec ses plus belles parures et ses plus beaux attouts. C'était ce soir où jamais et il entrait avec son air indolent d'homme sûr de lui.

La courbe de son dos défilait sus mon index comme sous tant d'aqueducs où glissait continuellement l'eau. Chaque mouvement était calculé au cillement près, chaque battement de paupière frottait mes cils sur son épaule dénudée et offerte à l'air libre. La couverture de velours remontait jusqu'au bas de son dos, laissant voir le prolongement de sa colonne vertébrale jusqu'à ses cheveux qui gisaient, vivants, arrogants de fraicheur et presque même comme en mouvement. Elle semblait littéralement en pleine action, comme si elle venait à peine de s'étendre sur son ventre serrant entre ses bras son oreiller. Sous la couverte on devinait le placement de ses jambes ainsi que le lieu où reposaient ses pieds. Mes pensées allaient et venaient dans un flux incessent. Les plus incensé est qu'elle ne semblait en aucun cas recouvrir une flaque de sang sur le matelas.

Tandis qu'il caressait doucement le corps reposant, il repensait aux heure qui avaient précédé cet instant.

L'homme entra dans le bar et la femme se précipita, visiblement décidée à tout lui avouer, même s'il ne savait absolument pas ce qu'elle était censée lui dévoiler.

F, sur un ton faussement sûr : Oh non ! Ne m'invente pas encore un de ces sornettes à nourrir les espoirs d'une fillette égarée ! Je ne suis plus dupe, Marcel. Les temps changent, time flies ...
H, excédé par l'emploi de l'anglais qu'il ne comprenait pas : Ce n'est pas Marcel, mon prénom. Tu dérailles ma fille. J'ai bien remarqué tes jeux de séduction et tu aurais du comprendre que si je ne t'approchais pas ce n'est pas parce que j'étais timide, c'est parce que j'attendais autre chose de toi.
F, Ahah ! Toujours des nouvelles secrétaires, avec toi ! Et cette Chantal ? Je sais que c'est elle qui profite d'instants de bonheur et de complicité, depuis que tu as décidé que je n'étais plus apte à effectuer mon devoir conjugal.
H : Mais enfin tu débloques complètement ! On est plus au dix-neuvième ma grosse. Tu deviens complètement débile ! En aucun cas je ne t'appartiens et je n'ai absolument jamais été attiré par toi. Mais puisque j'ai bien remarqué que ...
F, déboussolée et complètement rongée par l'alcool : Allez viens là mon Loulou. Tu sais je te pardonne tout ce que tu veux, à toi.
H, acceptant le marché : Ok ca roule ma poule, mais attention, à la moindre question, et si jamais tu essayes d'appeler les flics ...
F : Voyons mon gros bêta ! Viens là on va voir si t'es un homme.

Elle titubait en montant les escalier pour rejoindre une chambre miteuse qui devait être la sienne.


Titre : Renan Luce - 24:01

Pensé par insupportable

Mercredi 17 octobre 2007 à 11:35

Elle chantait des comptines gestuelles pour les enfants en regardant la télé. Elle pensait au cirque, aux tigres aux lions aux chevaux - qu'elle appelait chevals - aux trapézistes aux jongleurs aux gymnastes aux clowns surtout aux clowns, au fêtes foraines, aux manèges aux guimauves aux pommes d'amour à l'hélicoptère qui monte et qui descend à la pêche aux canards, aux bonbons, les bleus à la violette, les roses goût chewing-gum, les jaunes au citron,  les orange à l'orange, les verts à la pomme, aux jeux de société, monopoly, bonne paye, puissance quatre, bataille, sept familles, à son doudou, à sa maman, à son papa. Sa mère la bordait tous les soirs et lui contait une histoire. Merveilleuse où les princesses et les princes se mariaient et avaient des enfants et où les méchants mourraient dans des souffrances pas trop atroces non plus. Elle aimait aller chez ses grands parents jouer aux Lego et elle aimait que son papi lui racontât des histoires fabuleuses. Seize ans et pourtant une de ces gamines qui n'avaient toujours pas grandi, une Peter Pan version féminine, un grand bébé qui aimait regarder les images dans les livres, manger du nutella et inventer des contes de fée.



Et puis y avait les autres. Les adultes avant l'heure. Tout ceux qu'ar- rêtaient de rêver. Qui trimaient qui bouffaient qui dormaient etc.

Pensé par insupportable

Lundi 15 octobre 2007 à 21:41

Elle recula d'un pas pour mieux entrer. Autant de contraste à une si petite échelle la rendit complètement instable. Ses gestes étaient plutôt incontrolés et elle ne marchait plus droit, comme si elle avait avalé une forte dose d'absinthe. L'interieur était éclairé par un plafond en verre. En fait, les sols des nombreux étages étaient tous en verre et le toit aussi. L'intimité aurait du avoir du mal à s'immiscisser mais pourtant la femme s'imaginait parfaitement une vie des plus romantiques. Les rez de chaussée était dépouillé de tous meubles, le carrelage noir brillant habillait tout à lui seul. L'escalier en bois se cachait presque dans un coin. Il était identique à tous les étages. Elle en comptait sept. Le plus étrange est qu'elle fut immédiatement attirée par une petite porte qui semblait mener à une terrasse. En effet, un petit jardin de fleurs et d'arbustes l'attendait, avec, tout contre un mur, un banc peint en blanc on était allongé un homme, sur le dos, avec un chapeau de cowboy sur la tête. Elle se demanda automatiquement quel était l'intérêt d'un espace vert alors qu'à l'intérieur il aurait aussi bien pu le créer. Et elle découvrit aussitôt que cette terrasse était en fait une pièce supplémentaire du rez de chaussée. Le plafond était tout simplement le toit en verre, et on ne distinguait pas qu'il y eut une vitre entre le ciel et l'interieur. Des fenêtres étaient ouvertes sur une cours extérieure.

F, à soi-même : C'est une véranda, en fait.
H : Oui, un tout nouveau prototype. Chauffé par le soleil. Les papillons y sont pour ainsi dire cultivés. Les insectes se sont installés. L'herbe est verte comme vous le voyez.

Elle posa un instant son regard sur l'homme. Le même âge qu'elle, une beauté qu'il n'exhibait pas, des cheveux qu'on aurait voulu toucher et une gueule d'ange, comme un nounours qu'on voudrait serrer dans ses bras, comme une porcelaine de grand-mère fragile qu'on voudrai garder à vie.

La femme s'éloigna un instant pour empêcher son désir de se mettre en oeuvre malgré elle. Elle rentra dans la maison et inspecta les étages vus du dessous.

H, entrant à son tour : Je ne regarde plus jamais depuis tout en bas, je préfère depuis le septième à vrai dire. C'est plutôt étriqué mais c'est agréable à vivre, vous vous y ferez.

Elle pensa à lui demander comment il pouvait affirmer qu'elle resterait, puis se rappela son appartement ses travaux son ex et se dit que, oui, elle vivrait ici, assez longtemps pour apprécier les coins et recoins.

F : Cette nuit, quand nous dormirons - et si nous dormons, parce que je regarderai les étoiles je le sais d'avance, j'essaierai de les compter -, est-ce que nous serons dérangés par la lumière de la Lune ?
H : Quelle drôle d'idée ! Comment pourrait-on être dérangés par ça ?!
F : Oui, c'est absurde, je m'y ferai. Mais les éclairs les soirs d'orage me réveilleront et ...
H : Et mes bras ne seront pas assez fort pour vous portéger, c'est ça que tu insinues ?
F, troublée par le tutoiement : Je n'ai plus d'excuses.

Elle sentit qu'il la protégerait jusqu'au bout, c'était inexplicable, et elle sourit, elle sourit à celui qu'elle avait attendu, pendant des lustres.


Pensé par insupportable

Dimanche 14 octobre 2007 à 20:54

La femme s'engagea dans la petite ruelle très étroite et elle ne pouvait même pas y étirer ses bras. Le goût du café amer lui restait sur la langue, elle s'appliquait à mastiquer son chewing-gum, le faisait aller de ci de là dans tous les recoins de sa bouche. Elle regarda une dernière fois sa montre le petit papier froissé ou s'enchainait quelques lettres pour vérifier son exactitude. Le quinze à dix heures ruelle des poissoniers. Elle avait retrouvé ce pense bête dans la poche de son trench, la veille de la date. Un chat fuit en l'entendent arriver faisant s'écrouler des poubelles en ferraille. Elle sursautat. Tout était sombre en ce joli matin d'automne, les murs étaient imposants et ils suintaient l'humidité, la rue portait bien son nom ça sentait le poisson à plein tube. Elle s'y habituait peu à peu après s'être retenue de vomir en y entrant. Elle ôta ses gants en cachemire et tâta ses cheveux pour vérifier leur bon ordre. Sa tension était palpable et son cou montrait qu'elle frissonnait. Ses talons claquaient sur les pavés souillés, elle remis sa veste d'un geste convenu et, ne trouvant pas de sonette, s'employa à frapper directement à la porte. Elle attendit, soulagée de voir le retard de la personne derrière la porte. Des bruits de pas retentirent, de ceux qui descendent les escaliers à toute vitesse. Les bruits de pas s'éloignèrent et elle ne comprit pas tout de suite. Elle frappa cette fois plus fort et une voix d'homme s'exclama :
"C'est ouvert."
Les doigts de la femme trituraient ses pauvres gants pour qu'on ne voie pas qu'elle tremblait. Elle poussa la porte qui grinça comme dans un film d'horreur et ce qu'elle vit la scotcha.


To be continued.

Pensé par insupportable

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